2 Corinthiens 4, 3-6 JL. Schaeffer, 2010
Le temps de l’Épiphanie nous révèle la majesté divine de NSJC (Notre Seigneur Jésus-Christ). Il commence par l’adoration des mages venus d’Orient ce qui annonce que la bonne nouvelle de la grâce de Dieu n’est pas réservée au peuple de l’ancienne alliance, mais qu’elle est destinée à toutes les nations (Matthieu 2.) Il nous montre ensuite le baptême de Jésus, où Dieu révèle que Jésus est son Fils bien-aimé sur qui descend le Saint-Esprit. Puis Jésus manifeste sa gloire en appelant à sa suite ses premiers disciples qui assistent au miracle de l’eau changée en vin aux Noces de Cana (Jean 1+2.) Tous ses miracles révèlent sa gloire divine. Arrive, avec la Transfiguration, le point culminant de cette manifestation de « la gloire du Fils unique venu du Père» (Jean 1.) Trois disciples ont le privilège de voir que Jésus est constamment en relation avec le ciel et qu’il est le Messie que les prophètes de l’ancien Testament ont annoncé. Cet événement a lieu à la fois pour fortifier Jésus face aux souffrances qui l’attendent et pour donner à ses disciples la conviction que même dans l’abaissement de sa passion, Jésus est le Messie promis. Voilà pourquoi le Père répète à la transfiguration de Jésus : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé: écoutez-le ! (Lc 9.)
Quand nous voyons des bancs vides, nous nous tracassons souvent à tort pour chercher à comprendre pourquoi certains ne vont pas à l’église. Quand nous les interrogeons, ils ont diverses raisons: ‘j’y suis allé un jour, mais je n’ai rien compris.’ Ou bien : ‘La Marguerite m’a offensé. Tant qu’elle y va je n’irai pas.’ Ou encore : ‘Je fais autant de bien que ceux qui y vont. S’il y a un ciel et qu’ils y seront, j’y serai aussi.’ Ou bien : ‘très franchement, je ne viens plus parce que je ne crois plus à tout cela.’
Au lieu de nous tracasser, pourquoi ne pas concentrer notre prière et toute notre énergie à faire ce que Dieu nous demande : à "annoncer la bonne nouvelle à toutes les nations", puisque nous croyons à la promesse du Seigneur : " celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé" ? Jésus dit en effet que " Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu." Alors, à quoi bon tous ces tracas qui nous prennent notre énergie et notre joie de chrétiens ? Car Jésus ajoute en se tournant vers ceux qui n’écoutent pas les paroles de Dieu : " Vous n’écoutez pas parce que vous n’êtes pas de Dieu. " Jn 8, 47.
C’est une parole très dure que Jésus dit ici aux membres de son peuple qui ne le croient pas. Mais elle est nécessaire pour nous éclairer, nous les croyants, et pour nous prévenir. Les incroyants ont plein de raisons pour se justifier qu’ils n’apportent pas au Seigneur l’adoration et l’offrande qu’ils lui doivent, ou pour expliquer qu’ils ne suivent pas tel autre commandement de Dieu. Jésus dit que derrière toutes ces raisons dont ils ont conscience, il y a une raison principale qu’ils ignorent : s’ils n’écoutent pas sa Parole, alors qu’elle leur dit la vérité, et par conséquent s’ils ne la mettent pas humblement en pratique sans s’occuper du tempérament de la Marguerite ou du bien que les autres font ou ne font pas, c’est parce qu’ils ne sont pas de Dieu.
Oui, mais de qui sont-ils alors ? À qui les incroyants appartiennent-ils en réalité ? Notre texte le dit: v. 3-4 ...
Il y a donc un dénominateur commun entre tous ceux qui n’attrapent pas la bouée de sauvetage que Dieu leur lance en la personne de son Fils pour qu’ils ne périssent pas et n’aillent pas souffrir éternellement en enfer. Le dénominateur commun entre tous, c’est l’incrédulité. Même s’ils sont d’anciens baptisés, même s’ils ont un jour confirmé qu’ils veulent suivre Jésus seul et même s’ils ont été pour un temps très actifs dans l’église, ils ont le même dénominateur que tous ceux qui ignorent tout de sa grâce et qui ne comprennent rien à l’Évangile lorsque vous le leur présentez. Maitenant, pourquoi sont-ils incrédules? Quelles que soient leurs raisons conscientes, la réalité spirituelle, c’est que « le dieu de ce monde a aveuglé leur intelligence. »
C’est qui, « le dieu de ce monde » ? C’est le dieu qui cache la vue aux incroyants. Il prend des visages multiples. Autrefois, il pouvait prendre la forme d’un taureau pour faire croire que c’est la force qui est l’essentiel dans la vie. Ou bien il prenait la forme d’un veau d’or pour faire croire que l’essentiel était d’avoir des verts pâturages, du lait et du miel à volonté. Ou bien il prenait la forme d’un aigle pour faire croire que le plus important était d’être libre de faire ce qu’on voulait.
Aujourd’hui, la forme que prend « le dieu de ce monde », ça peut être le téléphone portable quand l’essentiel est de s’envoyer sans arrêt des SMS pour ne jamais se sentir seul. Ou bien, ça peut être internet et les sites de rencontre, quand l’essentiel est de combler par tous les moyens possibles un vide intérieur jamais comblé, ou quand l’essentiel est de ne jamais se sentir seul face à soi-même ou face à Dieu. Une autre forme que peut prendre « le dieu de ce monde », c’est celle d’une belle coupe de championnat qu’il vous fait miroiter si l’essentiel pour vous est votre sport favori. Ou bien la forme du loto ou d’autres jeux qui vous font miroiter un grand gain terrestre. Ou bien la forme des idoles du show-business: il y a des gens qui passent leurs week-ends à courir à tous les spectacles que donnent leurs idoles favorites. Jamais ils ne s’arrêtent pour écouter la Parole de Dieu.
Quels qu’ils soient: anciens chrétiens, parfaits ignorants ou adeptes de fausses religions, les incroyants ne discernent pas la gloire de l’Évangile. En réalité, Satan, appelé ici « dieu de ce monde », les aveugle par l’amour de ce monde, par le sentiment de leur propre justice ou par leur fierté offensée, de sorte qu’ils ne ressentent pas le besoin d’un libérateur de leurs péchés ou même ils le fuient. Satan leur fait croire qu’ils n’ont pas de péché, ou que tout leur est permis et qu’ils n’auront pas à se justifier devant Dieu, ou que s’ils ne s’occupent que d’eux-mêmes ils sont meilleurs que ceux qui s’occupent de la Parole de Dieu.
En réalité, Satan les trompe ! Il leur a crevé les yeux et percé les tympans. Il les a rendus spirituellement aveugles et sourds. Ainsi il les empêche de venir à la seule vraie lumière et de voir la gloire de Jésus qui est venu pour éclairer tout le monde. Il les empêche de voir en lui autre chose qu’un pauvre illuminé incompris victime de l’obscurantisme de son époque. Mais, tandis que tout le monde le croyait puni de Dieu, les prophètes avaient clairement annoncé : «Pourtant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé... Il était blessé à cause de nos transgressions, brisé à cause de nos fautes: La punition qui nous donne la paix est tombée sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris. » (Es. 53.)
Il faut donc se rendre à l’évidence des v.3-4... Il faut arrêter de chercher chez nous les croyants les causes de l’incrédulité des incroyants. Certainement, il faut que nous soyons toujours prêts à nous remettre en question, à demander à la Parole de Dieu de nous montrer si nous devons changer quelque chose dans notre façon de vivre notre foi et de communiquer l’Évangile : ma façon de prêcher, peut-être; votre façon de célébrer vos cultes, peut-être; peut-être aussi les cantiques que nous chantons ; l’accueil que nous faisons à un ancien membre qui revient après des mois d’absence, ou à un visiteur que nous voyons pour la première fois. Bien sûr que nous devons toujours être à l’écoute des besoins de chacun. Mais si Paul s’était arrêté tout le temps à se remettre en question il aurait passé à côté de sa mission et jamais l’Évangile n’aurait atteint toutes les nations. Voyons donc
Vous vous souvenez de ce que Paul écrit aux Philippiens, Ph 2, 5-11: ‘Que votre attitude soit identique à celle de JC: ...’ Dans notre texte, Paul montre que c’est cette attitude qu’il a toujours eue, v. 5-6...
Un prédicateur fidèle ne se prêche jamais soi-même. Jamais je ne vous ai dit: suivez ma parole à moi! Jamais je n’ai prétendu que Dieu m’a donné des révélations nouvelles, que sa Parole est obscure pour le monde d’aujourd’hui et que j’ai des révélations pour la rendre claire. Pourtant, des personnes qui un temps venaient écouter la Parole de Dieu se sont laissées aveugler par de tels prétendus prophètes qui prétendent avoir le Saint-Esprit et pas nous !
C’est facile de prétendre être inspiré du Saint-Esprit et de s’afficher le conducteur des aveugles. C’est plus difficile d’avoir vraiment le Saint-Esprit et de prêcher Jésus-Christ, seule lumière des nations. C’est même impossible à l’homme, car à la place de l’orgueil prétentieux il faut l’humilité raisonnable ; à la place de la course après des résultats et une gloire personnelle, il faut courir pour proclamer l’évangile avec générosité et renoncement à soi.
Seuls ceux qui croient au Seigneur ont reçu dans leurs cœurs la lumière de Jésus, leur Sauveur. « Cette lumière était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout être humain. Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, pourtant le monde ne l’a pas reconnue. Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueillie. Mais à tous ceux qui l’ont acceptée, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le droit de devenir enfants de Dieu, puisqu’ils sont nés non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté d’un homme, mais de Dieu. » Jn 1,9ss.
Cette lumière brille dans nos cœurs par la seule volonté de Dieu. Notre foi est une lampe qui nous permet de voir en Jésus notre Sauveur. Elle ne relève pas de notre décision personnelle : c’est Dieu qui a créé en nous cette lumière par sa seule volonté. « Ce n’est pas par les oeuvres, afin que personne ne puisse se vanter. En réalité, c’est lui qui nous a faits ; nous avons été créés en JC pour des oeuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance afin que nous les pratiquions. » Ep 2, 9-10. Dieu a ouvert nos coeurs et nos esprits. Ainsi nous voyons sa grâce et la recevons avec foi, puis nous la mettons en pratique et suivons ses commandements. C’est ce miracle de la foi qui nous permet de voir le salut en JC et de le glorifier, lui seul. Celui qui a la foi glorifie Jésus malgré tout ce qu’ont dit ou fait Marguerite et les autres. Car il aime Dieu de toute sa pensée, et il aime Marguerite et lui offre sans cesse le pardon tout comme Jésus.
Paul précise: « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes ; c’est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons. » Un prédicateur fidèle ne se met jamais en avant. Il met toujours en avant le Seigneur Jésus. Il ne change jamais le message du Seigneur. Il ne recherche jamais la gloire, les honneurs ou un profit personnels. Il ne prêche pas Christ de sa propre initiative mais parce que le Seigneur lui a adressé vocation par son Esprit Saint, et cela l’église fidèle l’a reconnu et confirmé par le fait qu’elle a ordonné cet homme et lui a confié le ministère de la prédication.
Jésus est le point central de tout l’enseignement chrétien. Tout gravite autour de lui comme les rayons d’une roue autour de leur axe. Dès son premier sermon, Pierre prêche: « que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ. » Paul prêche au geôlier de Philippe: « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé... » Et ici: « C’est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons, et nous nous déclarons vos serviteurs à cause de Jésus. » Cela nous amène au 3° point :
Voilà pourquoi un vrai serviteur de Jésus met toujours l’Évangile au service des hommes afin qu’ils puissent être sauvés.
v.6 : Dieu qui a ordonné que la lumière brille du sein des ténèbres a aussi fait briller sa lumière dans notre coeur. Quelle belle comparaison! Paul établit un parallèle entre la création de la lumière et la création de la foi qui éclaire nos cœurs. L’incrédulité est due au fait que le diable maintient les coeurs dans l’aveuglement spirituel. La foi résulte d’un miracle divin aussi grand que la création de la lumière, le Premier Jour ! Que veut dire l’apôtre ? Si Dieu a été capable de séparer la lumière des ténèbres, il est aussi capable de repousser l’incrédulité naturelle de notre coeur pour nous faire voir la lumière de notre salut en Jésus-Christ et nous conduire à cette lumière.
Créer, c’est séparer quelque chose de ce qui l’enferme et ainsi le faire apparaître et lui donner une existence propre. La création du jour, c’est sa séparation de la nuit. La création de la terre ferme, c’est sa séparation de la mer. La création de l’homme, c’est sa séparation de la poussière. La foi ne vient pas toute seule. Ce n’est pas une décision que l’on prend de son propre chef. La foi est l’oeuvre de Dieu. Dieu la réalise par sa Parole créatrice en la séparant de l’incrédulité. « Personne ne peut dire : Jésus est le Seigneur, si ce n’est par le Saint Esprit. » (1 Co 12,3.)
Luther résume cela ainsi : Je crois que je ne puis par ma raison et mes propres forces croire en JC mon Seigneur ni aller à lui. Mais c’est le St Esprit qui m’a appelé par l’Évangile... (Petit Caté.) La foi est une lumière que le St Esprit a créée dans mon coeur. Par la bonne nouvelle de mon salut en JC, Dieu me fait voir son amour de Sauveur et il me conduit à la foi. Le grand miracle de la Parole de Dieu, c’est de créer la foi en nous, de la faire grandir et de l’affermir pour qu’elle devienne inébranlable et solide comme le roc. Notre foi persévérante est la preuve de « la puissance de Dieu qui agit en nous qui croyons. »
Souvenons-nous de cela en notre Assemblée Générale. Jésus est le Fils de Dieu : Écoutons-le ! Car même si Satan cache sa lumière aux incrédules, l’Église fidèle annonce vaillamment le Seigneur au monde, de sorte qu’il donne la foi par l’annonce de sa grâce. Église de Jésus-Christ, tiens ta lampe allumée et éclaire ce monde de ténèbres. Ta joie sera grande car tu verras que « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé », quel qu’il soit, aujourd’hui présent ou éclairé par ces lignes, quand il les lira...
Amen.