Predication090628Matthieu 9, 35-38 : 35 Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité. 36 Voyant la foule, il fut ému de compassion pour elle, parce qu'elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n'ont point de berger. 37 Alors il dit à ses disciples: La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. 38 Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson. Chère Assemblée qui fête la mission! Notre Seigneur Jésus-Christ vient dans ce monde pour lui donner un nouveau départ : Il visite tout. Il observe tout. Et il constate tout le travail qu’il y a à faire. Ce qu’il a devant ses yeux est tout sauf encourageant. Cela ressemble à une défaite, quand on ne peut comparer une foule qu’à un troupeau qui n’a pas de berger. Cela me rappelle beaucoup la crise financière mondiale que nous vivons actuellement. Des banques, des institutions, des entreprises font faillite. Des hommes perdent leur travail, et par là le fondement de leur existence. Il en résulte de grandes incertitudes pour savoir comment on peut encore vivre avec des moyens si réduits. Imagine un tel troupeau de moutons qui dépend des soins et de la protection d’un berger. Qui donc s’occupe maintenant de trouver constamment de verts pâturages et de l’eau vive en quantité suffisante ? Ou bien que se passe-t-il si chacun n’est pas bien intentionné, si quelqu’un leur veut du mal et vient pour leur nuire ? L’Eglise connaît des soucis semblables lorsque le nombre de paroissiens diminue ou lorsque les moyens financiers se réduisent. Il faut supprimer des postes pastoraux, faire fusionner des communautés, fermer des postes de prédication. (Je ne sais pas si vous connaissez cela aussi en Alsace.) Il est vrai que la fréquentation des cultes laisse bien souvent à désirer. Surtout quand il n’y a pas d’événement spécial ou de fête particulière qui attire les gens. De manière générale la façon de vivre de beaucoup de chrétiens laisse entrevoir que la foi occupe peu de place dans leur vie. Cependant on constate aussi une baisse des connaissances de la foi chrétienne. (« Autrefois on apprenait quand même beaucoup plus dans le cours de confirmation. ») Et un bien trop petit nombre s’intéresse à étudier la théologie dans le but de devenir pasteur. Mais on constate aussi un manque de fraternité. Non seulement dans la société civile, mais aussi dans la communauté chrétienne. Si nous en avions le temps, nous pourrions encore mentionner et prendre en considération beaucoup d’autres choses. Tout cela est à nous fendre le coeur ! C’est pourquoi il est bon de savoir que tout cela ne laisse pas Dieu indifférent et froid, lui qui se révèle à nous en Jésus-Christ. Il est même précisé expressément que ce besoin le touche. Il prend en compte les besoins ; il les prend au sérieux. Et pourtant, il ne se laisse pas entraîner dans la spirale de la misère. PREMIERE PARTIE : Jésus vient visiblement à la rencontre de tous ceux qui sont abattus ou qui s’enfoncent encore davantage. Il n’abandonne pas le désespéré qui s’est dit jusque-là: « On ne peut rien y changer. » Jésus Christ ne s’arrête pas à la triste image du passé ou même du présent, mais il ouvre les yeux pour regarder en avant. Ainsi il apporte de l’espoir et du courage. Dans ses paroles, le regard sur la situation change tout à coup, et ainsi aussi le point de vue sur la situation : Oui, de son point de vue il y a toujours encore à se lamenter d’un manque. POURTANT, ce constat n’est plus dirigé CONTRE les « brebis dispersées » mais il cherche maintenant à intervenir POUR elles. En effet, le problème ce ne sont plus elles; mais le problème, c’est de prendre soin d’elles ! Avec ce nouveau regard cela signifie : Les gens qui nous entourent dans notre monde et même dans nos communautés avec leurs problèmes physiques et spirituels sont tout à coup quelque chose de bon ! En fait, ils sont même riches ! Ils ont un potentiel de croissance ! (Et je ne dis pas cela avec ironie !) Le regard que nous portons souvent sur la petitesse et les limites de nos communautés se déplace donc. Le Seigneur le place sur les milliers et les millions de gens dans notre pays et les milliards de gens de notre planète. Il suffirait qu’une partie d’entre eux parvienne à « mâturité » et atteigne le but vers lequel le Dieu trinitaire veut conduire les fatigués et les chargés de cette terre ! Nous n’aurions alors plus besoin de nous plaindre d’églises vides, mais plutôt du manque de place, si tant de gens voulaient louer et bénir Dieu pour ses hauts faits. Ici apparaît une lueur de la gloire du royaume de Dieu et de sa grandeur. En effet, pour cela, nous sommes tout à fait insuffisants, nous et notre communauté. Dieu a bien plus de possibilités que nous et nos petits moyens. Rien qu’en ouvrant les yeux sur ce monde, nous ne pouvons qu’être étonnés de voir comment, en bien des lieux, la foi chrétienne est soudain remplie de vie et se propage même là où on s’y attendait le moins. Combien plus avons-nous à attendre en pensant à la gloire céleste ! DEUXIÈME PARTIE: Il ne s’agit évidemment pas minimiser ou occulter le manque que nous avons décrit tout à l’heure. Au contraire: le but est que quelque chose change réellement. Il s’agit ici d’un nouveau départ missionnaire. Ainsi notre Seigneur Jésus Christ ne vient pas seulement contredire ceux qui peignent tout en noir, mais aussi ceux qui n’attendent pas de changement. A. Les uns pensent sans doute être « réalistes » car, selon la logique humaine, il n’y a souvent pas d’amélioration à attendre. (Et avec cette estimation ils ont d’ailleurs raison: humainement parlant il n’y a pas d’amélioration.) C’est pourquoi Jésus nous met à coeur de prier. Priez le Seigneur de la moisson! Car lui seul peut ouvrir les coeurs pour qu’ils mûrissent et arrivent dans le royaume de Dieu. B. Les autres, au contraire, ne semblent pas du tout VOULOIR de changement. Quel chamboulement, si chaque dimanche une seule personne s’ajoutait à chaque adorateur présent. Cela créerait des dérangements, il est à craindre qu’on n’aurait plus sa place habituelle. Quand nous avons un culte où nous attendons beaucoup de visiteurs, je remarque parfois que des paroissiens assidus laissent leur place aux autres (en restant chez eux.) Que c’est dommage! Ils auraient pu se réjouir au sujet de tous ceux qui viennent ce jour-là! Qui sait? Peut-être se trouve-t-il quelqu’un à ce culte qui a vécu beaucoup trop longtemps sans Dieu mais à qui manquait aussi pendant tout ce temps la consolation et les certitudes que donne l’Évangile. J’ai même l’impression que des vieux membres ont parfois du mal à ouvrir leurs coeurs pour ceux dont JÉSUS-CHRIST a compassion. C’est pourquoi, priez pour ce qui est impossible aux hommes. Car cela est possible à Dieu. C. Finalement, le Seigneur reprend encore ceux qui pensent tout pouvoir faire par eux-mêmes, par des méthodes ou des stratégies d’évangélisation, pour parvenir à la croissance ou au développement de la communauté. Non, ce n’est PAS NOUS qui construisons, maintenons et faisons grandir, mais c’est seulement notre SEIGNEUR et DIEU qui devient agissant sur les coeurs par sa Parole bienfaisante et son Sacrement salutaire. « Priez le Seigneur de la moisson » signifie donc que le SEIGNEUR doit choisir, appeler et préparer des hommes pour le service particulier de la proclamation de la Parole et de l’administration des sacrements. Pourtant, il y a là plus de travail que ce que peuvent faire les pasteurs et les missionnaires. Bien plus, il faut une collaboration polyvalente de beaucoup de bouches, de pieds et de mains pour atteindre ce grand but : toucher quelqu’un avec la Parole de Dieu et l’amener à grandir et mûrir dans la foi. Rien que le fait d’aller à l’église est déjà un témoignage : cela peut motiver quelqu’un à venir découvrir les valeurs qui sont les tiennes. Chaque membre de la paroisse est par ailleurs en contat avec d’autres personnes, ce qui lui permet de leur parler de sa foi. « Priez le Seigneur de la moisson » signifie donc que nous demandons au Seigneur de nous montrer à chacun le domaine où nous pouvons être actifs pour son Royaume et son expansion. Chacun de nous peut joindre les mains et prier pour cela. Chacun peut, par un don petit ou grand, contribuer à la mission de Jésus-Christ. Et chacun de nous peut avoir l’occasion de parler du trésor inestimable qui est l’objet de notre foi. « Priez le Seigneur de la moisson !» Car la moisson est mûre. Il y a « là-dehors » des gens qui ont faim de salut pour leur âme. Ils ont besoin de l’Évangile, de la bonne nouvelle de Jésus-Christ. MAINTENANT. AUJOURD’HUI. (...Même si beaucoup le rejettent.) Voilà pourquoi Jésus nous donne un nouveau départ : en nous appelant à prier, il nous fait entrer dans le travail de cette moisson. Le temps de cette moisson a commencé avec les apôtres. Cette moisson consiste à faire « rentrer » les gens auprès de Jésus-Christ et de sa salutaire présence. De nos jours, cette moisson est particulièrement urgente – car il y en a tant qui sont déconnectés de la foi chrétienne. Ils ne savent pas combien Dieu est bien intentionné envers eux comme envers nous tous. Voilà pourquoi il est bon de fêter la mission aujourd’hui. Que les prières soient exaucées ! Que beaucoup d’ouvriers travaillent activement dans le royaume de Dieu ! Qu’ils conduisent beaucoup de gens au salut, dans ce temps et pour l’éternité. Amen. |