Eglise Luthérienne Paroisse de la Croix, Strasbourg Eglise Luthérienne Paroisse de la Croix, Strasbourg

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Predication090705

4° après Trinité

Lire : 2Co 5, 11a. 14-21

Les récents crashs d’avion montrent qu’il peut être dangereux de monter en avion, même quand c’est une compagnie qui prétend inspirer toute confiance comme c’est le cas d’Air France ou d’un Air-Bus construit en France. Au point que des voyageurs, pris de panique, refusent maintenant d’embarquer en dernière minute.

L’Évangile de ce jour nous montre que Jésus peut aussi nous entraîner dans une terrible tempête et qu’il peut être dangereux de monter en bateau avec lui. Marc 4, 35-41 Mais il y a une grande différence entre les dangers de s’embarquer dans un avion, et ceux qu’il y a à s’embarquer dans le bateau dont Jésus est le capitaine. La différence, la voilà : le bateau de Jésus ne coulera jamais. « (Même) les portes de l’enfer ne la vaincront pas », dit Jésus en parlant de son Église. Car même si pendant son séjour terrestre, l’homme Jésus a dormi pendant la tempête, Dieu ne dort jamais. « Il ne sommeille ni ne dort, celui qui garde Israël! » (Psaume 121,4.) D’ailleurs, aussitôt dérangé et réveillé par ses disciples, Jésus parle en souverain maître – et tout lui obéit, même les vents et la mer.

La tempête sur la mer est donc une image des tempêtes que nous devons traverser si nous montons dans la barque de Jésus – dans l’église – pour atteindre l’autre rive – l’éternité. Prenez l’exemple de Job. Il a été malmené à l’extrême dans sa vie, alors qu’il avait entièrement soumis sa vie à Dieu. Poussé à bout, il se révolta. Il en voulut à Dieu. Il lui reprocha de lui avoir tout enlevé : son bétail, ses récoltes, ses granges et, pire encore, ses enfants et sa santé.

Dans la vie, il se peut que nous aussi, nous soyons ballottés à l’extrême comme Job, et nous pouvons douter de Dieu. « Si Dieu existe, pourquoi tous ces malheurs ? Pourquoi permet-il ceci ou cela ?» (Plusieurs de nos brochures abordent ces questions). Maintenant, si nous faisons des reproches à Dieu, nous prétendons en fait que si nous étions à sa place nous ferions mieux que lui. Il faut alors que nous soyons aussi prêts à laisser Dieu nous poser des questions et à nous interroger sur nous-mêmes. C’était le sens de notre lecture dans l’ancien Testament aujourd’hui (Job 38, 1-11).

La paroisse de Corinthe était également tourmentée par bien des malheurs. Certains membres ne se supportaient plus et ne venaient plus au culte. D’autres étaient malades et quelques-uns étaient morts. Certains ne croyaient carrément pas à la résurrection. Et puis, Corinthe était comme Marseille: un grand port marchand avec son lot de moralité païenne dépravée. Les temples païens étaient nombreux, où les prêtres prétendaient qu’on rendait un culte à Dieu en achetant les charmes des prostituées sacrées. Les beuveries des matelots et les bagarres entre équipages rivaux étaient quotidiennes. L’ignorance de Jésus et de la transformation qu’il apporte à nos vies était grande. C’est à cette paroisse en tempête que Paul et ses associés écrivent leurs lettres. De quoi cherchent-ils à les convaincre, ainsi que nous ?

1° Ils cherchent à nous convaincre qu’il nous faut craindre Dieu.

"Puisque nous savons ce qu’est la crainte de Dieu, nous cherchons à convaincre les hommes." (v.11) Pourquoi devons-nous craindre Dieu ? Le dernier verset de ce qui précède nous l’explique: "En effet, il nous faudra tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive le salaire de ce qu’il aura fait, bien ou mal, alors qu’il était dans son corps." Une opinion faussement répandue est de croire que "chez les chrétiens tout est permis" et qu’il vaut mieux se faire musulman, là au moins on suit des règles. C’est archifaux. Chez les musulmans on suit des règles extérieures. Or, quand nous serons tous convoqués ensemble devant le tribunal de Christ, nous aurons à rendre compte de la manière dont nous avons mis en pratique le commandement qui résume toute la loi : "Tu dois aimer le Seigneur, ton Dieu de tout ton coeur... et tu dois aimer ton prochain comme toi-même."

Dieu voit tout ce que tu penses dans ton coeur. Il voit si ton amour n’est que façade ou si tu l’aimes et le sers de tout coeur. Il voit de même si tu aimes ton prochain sincèrement et si tu fais tout ce qui est en ton pouvoir pour le rendre heureux. Dieu a vraiment donné à Luther la bonne compréhension de la loi, de sorte qu’il commence l’explication de chaque commandement par ces mots : "Nous devons par-dessus toute chose craindre Dieu, l’aimer et lui faire confiance."

Celui qui craint Dieu observe ses commandements. Pas tout bêtement, mais avec amour. Pas aveuglément mais avec discernement. Il discerne ce qui est bon et agréable à Dieu, et comment on lui plaît dans telle situation. Celui qui craint Dieu sait par exemple se détourner un dimanche matin de son chemin qui le mène à l’église, quand il s’agit de porter secours à un accidenté de la route ou à un automobiliste tombé dans le fossé. Même si le dimanche, jour du Seigneur, le chrétien fait tout pour être à l’heure à l’église, il ne laissera jamais son prochain sans secours.

Cependant, il y a bien des tempêtes dans nos vies où nous n’arrivons pas à craindre Dieu et à suivre ses commandements de manière irréprochable. C’est pour cela que le Seigneur nous a ordonné de prier chaque jour : ‘Ne nous soumets pas à la tentation’. On a beau dire à l’enfant nerveux qu’il doit obéir à son maître d’école et rester sagement assis sur sa chaise, c’est peine perdue. Sa nervosité le rend intenable. On a beau mettre les jeunes en garde contre les amitiés hâtives ou les relations précipitées et leur enseigner la beauté du mariage pour qu’ils lui réservent leur ardeur : même dans les plus pieuses familles il y a des jeunes et des moins jeunes qui n’y sont pas arrivés. Et on a beau répéter qu’il ne faut pas se mettre en colère ou être médisant, et qu’il ne faut pas convoiter les biens d’autrui et vouloir être riche, - j’invite ceux d’entre vous qui ont toujours maîtrisé leurs mauvais désirs de se lever. (...) Personne ? Vous avouez donc tous avoir failli à la loi ! Comment dans ces conditions pouvons-nous tenir devant le tribunal de Christ? Pour nous le dire, les apôtres doivent d’abord nous convaincre qu’il faut craindre Dieu et lui demander sincèrement pardon pour nos péchés qui l’ont offensé. Puis ils veulent nous convaincre d’un 2°point: ‘Un seul est mort pour tous.’ (v.14) Quelle bonne nouvelle! Quel évangile! ‘Lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils.’ (Rm 5,10.) Donc,

2° Jésus, le Fils de Dieu, vous a réconciliés avec Dieu par sa mort.

Ce point est fondamental.

Avez-vous conscience du formidable travail que le Fils de Dieu a accompli pour vous? ‘Voici comment Dieu prouve son amour envers nous : alors que nous étions des pécheurs, Christ est mort pour nous.’ (Rm 5,8) Personne n’est aussi masochiste de mourir pour ses ennemis. Aucun soldat français n’a couru du côté des rebelles algériens pour se faire tuer à leur place. Pas même votre papa. Aucun n’a dit: « Je prends la place des prisonniers pour l’exécution sommaire. Tuez-moi à leur place et renvoyez-les libres. » Même si tu as de la compassion pour tes ennemis, ta pitié pour eux a des limites. Mais ce qu’aucun homme n’est capable de faire, Dieu l’a fait. Dieu a osé le faire. Sa compassion pour nous, ses ennemis, est sans limites. Il a donné son Fils pour qu’il meure à notre place à tous, alors que nous étions par nature ses ennemis rebelles.

L’apôtre nous rappelle ce point fondamental de sa mission: ‘Dieu nous a réconciliés avec lui par JC et nous a donné le ministère de la réconciliation’ (cad. l’ordre et le pouvoir de vous annoncer son moyen de réconciliation avec vous.) ‘En effet, Dieu était en Christ’ (et donc Dieu a agi par Christ): ‘Il réconcilia le monde avec lui-même en ne chargeant pas les hommes de leurs fautes, et il a mis en nous la parole de la réconcilia­tion.’ (= En mettant nos péchés à la charge de son Fils, il nous en a déchargés. Et il a mis sa Parole ou son Message de réconcilia­tion dans la bouche de ses envoyés, les apôtres et les missionnaires.) ‘Nous sommes donc les ambassadeurs pour Christ.’ (C’est) comme si Dieu adressait par nous son appel. Nous supplions au nom de Christ: Soyez récon­ciliés avec Dieu! [En effet,] celui qui n’a pas connu de péché (le Fils de Dieu), il l’a fait devenir péché pour nous.’

Avez-vous bien compris ces deux premiers points absolument fondamentaux du message des apôtres? Dans ce cas vous ne restez pas insensibles, car celui qui les comprend en est touché au plus profond de son être – ça vous remue les tripes! Vous aviez cru qu’en pratiquant la justice de M. tout le monde, vous êtes OK? Vous vous rendez compte que c’est tout faux! Seule la justice de Christ, qui paye tout le prix pour votre dette par sa mort innocente, compte désormais devant Dieu. Je ne sais pas vous, mais moi, cette nouvelle me remue chaque fois que je l’entends, er j’ai envie de sauter au plafond. Mon Dieu! Tu m’aimes à ce point que mes milles façons de m’arranger avec ta loi, tu les balayes d’un coup de pinceau trempé dans le sang de Christ, mon Sauveur! C’est inouï! C’est la nouvelle qui me rend heureux et rassuré. Alors, que tout se passe bien ou mal dans ma vie ; que j’aie encore tous mes enfants et tous mes biens et toute ma santé ou que le sort m’ait privé de tout cela : J’ai un Dieu qui m’aime, qui me blanchit, qui m’accueille – et pas seulement le temps d’un café ou d’une rencontre entre amis. Non, Dieu m’accueille pour me faire tenir, justifié, pardonné et sauvé, le jour de ma résurrection, éternellement devant son trône. C’est là la bonne nouvelle que les vrais pasteurs et missionnaires annoncent au monde !

3° Mais il y a un 3° point qui n’a jamais manqué dans le message des apôtres – et qui ne doit pas non plus manquer dans ma prédication. Il revient plusieurs fois dans notre texte. C’est ma sanctification, c’est mon changement en vie chrétienne d’enfant de Dieu, qui honore Dieu.

Écoutez ce qu’en dit l’apôtre: ‘Puisque nous savons ce qu’est la crainte du Seigneur, nous cherchons à convaincre les hommes.’ Quand as-tu dit pour la dernière fois à ton voisin: ‘Si tu prétends craindre Dieu, tu viens avec moi au culte tous les dimanches, car c’est le 3° commandement.’ Ou bien: ‘Si tu veux craindre Dieu, tu fais la paix avec ton frère, car c’est la volonté de Dieu.’

L’apôtre dit encore: ‘L’amour du Christ nous presse’ (à agir, à parler). Pourquoi? ‘parce que nous sommes convaincus que si un seul est mort pour tous, tous sont donc morts.’ Nous serions morts sans Jésus, bien plus, ‘nous étions morts dans nos offenses et dans nos péchés!’ (Ép.2). ‘Et s’il est mort pour tous, c’était afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux.’ Est-ce que vous vivez encore pour vous-mêmes? (...) Quelqu’un ici ne vit-il plus du tout pour lui-même? (...) Vous voyez! Nous avons constamment besoin que Dieu nous dise combien il a besoin de notre amour et de nos services, de notre fidélité et de notre témoignage au monde.

Pour nous aider à être ses témoins fidèles et ses enfants modèles, il nous annonce, à nous tous qui croyons, que sans cesse nos faiblesses et nos erreurs de parcours nous sont pardonnées en Christ. Il nous donne son corps et son sang ainsi que sa Parole de vie comme nourriture et breuvage pour que notre fidélité soit rayonnante et que notre témoignage soit convaincant. Prenons-les avec joie et conviction, volonté et détermination nouvelle. Afin que nous vivions une vie nouvelle, non ‘plus pour nous-mêmes mais pour celui qui est mort et ressuscité pour nous.’

Que vous embarquiez ou non dans un avion, un bateau, un train ou simplement dans le tram ou dans une voiture, - veillez en tout cas à embarquer avec Jésus, dans son Église. Déjà vous avez embarqué par la foi et le baptême. Faites-lui confiance et publiez ses louanges, même dans les pires épreuves – car il vous fera parvenir sûrement à bon port – à la rive de la résurrection pour la vie éternelle, par grâce. N’est-ce pas l’essentiel?

Amen.

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Page mise à jour le 06/07/2009 07:17