Eglise Luthérienne Paroisse de la Croix, Strasbourg Eglise Luthérienne Paroisse de la Croix, Strasbourg

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Predication100620

3° après la Trinité Luc 7, 36-50

Les fruits de la repentance

JL Schaeffer, 2010

Lectures : 2 Sam. 12, 1-10.13 / Gal. 2, 16-21. Cantiques LLS 8, 218, 215, 163

« Une femme pécheresse qui se trouvait dans la ville apprit qu’il était dans la maison du pharisien. »

On traite parfois les chrétiens de ‘pharisiens.’ De gens qui ne se reconnaissent plus vraiment comme mauvais, qui ne pensent pas qu’ils aient grand chose en commun avec les pécheurs notoires et donc qu’ils aient grand chose à se faire pardonner. Les gens que nous invitons au culte avancent souvent de tels arguments pour décliner notre invitation: « ceux qui vont au culte tous les dimanches ne sont pas meilleurs que moi » disent-ils. Leur réponse montre qu’eux aussi ne se considèrent pas comme des pécheurs qui ont besoin de leur Sauveur. Sans quoi, en apprenant que Jésus est entré ce matin dans notre maison que nous lui avons bâtie et consacrée, ils y viendraient avec empressement. Mais ils ont une mauvaise connaissance de Jésus. C’est d’ailleurs pour cela que nous allons vers eux pour leur montrer quel Sauveur il est.

Notre texte nous parle d’une femme pécheresse. Je ne sais pas comment cette pécheresse a appris à connaître Jésus. Le récit ne le dit pas. En tout cas, elle a entendu parler des nombreuses guérisons qu’accomplit le Seigneur, peut-être même de la résurrection du jeune homme de Naïn dont je vous ai parlé dimanche dernier, et qui est relatée plus haut dans ce chapitre (v.11-17.) Cette femme est connue pour la vie qu’elle mène en-dehors des règles de la loi ou de la morale. Et elle se sait pécheresse...

Mais il y a une barrière entre la pécheresse et Jésus. Cette barrière, ce n’est pas Jésus, et ce n’est pas non plus la loi qu’elle a transgressée. Non, cette barrière, ce sont des personnes, ce sont les pharisiens, ce sont Simon et tous ses amis qui sont invités à sa table. Simon et ses amis jugent, méprisent et condamnent tous ceux qui ne sont pas des extérieurement irréprochables comme eux. Or, la piété des pharisiens n’est qu’une piété d’apparat et de paraître. C’est ce que Jésus va montrer à Simon. Je vous invite donc à voir ce que révèlent l’oeuvre du pharisien et l’oeuvre de la pécheresse.

1° Que nous révèle l’oeuvre du pharisien Simon ?

V. 36: Il ‘invita Jésus à manger avec lui.’ La belle oeuvre! Pensons-nous. Admirable! Jésus vient dans une ville entouré de ses nombreux disciples – les Douze, plus tous les autres – et un notable, un chef de famille très aisé, les invite tous à sa table. Le geste est spontané, il vient du coeur. Simon dispose d’une grande salle pour de nombreux convives, il a plein de serviteurs et de servantes à son service. La plupart des gens n’ont pas son rang et donc pas cette possibilité. De même de nos jours: tout le monde n’a pas les moyens d’inviter Jésus et toute sa suite au restaurant, pas même à une simple grillade. Cette oeuvre du pharisien Simon est donc exemplaire, ce grand repas lui coûte quelque chose. Mais posons-nous la question: pour quelle raison Simon invite-t-il Jésus ? Nous pouvons supposer qu’il fait cette belle oeuvre parce qu’il croit que Jésus est un prophète de Dieu. Beaucoup de pharisiens sont convaincus de cela. Les pharisiens croient en la résurrection des morts, et Jésus l’enseigne aussi. Ils tiennent à la morale, et Jésus aussi. Le pharisien Nicodème qui est venu de nuit chez Jésus lui a dit: ‘’Maître, nous savons que tu es un enseignant envoyé par Dieu, car personne ne peut faire ces signes miraculeux que tu fais si Dieu n’est pas avec lui.’ Mais savoir cela, ce n’est pas encore avoir la vraie foi. Jésus répondit à Nicodème, Jn 3,3.5: ‘À moins de naître de nouveau, personne ne peut voir le royaume de Dieu. (...) À moins de naître d’eau et d’Esprit, on ne peut entrer dans le royaume de Dieu.’

Voyez nos amis musulmans: Pour la même raison que Nicodème et que Simon, ils savent que Jésus est un grand prophète venu de Dieu. Ils n’ignorent pas les miracles de Jésus, le Coran les reconnaît. Mais ils ne sont pas nés d’eau et d’esprit, sinon ils croiraient en Jésus et en sa résurrection (cf. Jn 3, 4-18). De même beaucoup de baptisés ne semblent plus avoir l’esprit de Dieu. Jésus va montrer à Simon que son oeuvre, aussi belle soit-elle, n’est malheureusement pas le fruit de la vraie foi. Écoutez:

V.39... Ce jugement de Simon sur Jésus nous révèle qu’il est loin d’avoir la vraie foi. La vraie foi est convaincue que Jésus est un prophète de Dieu et même plus, qu’il est le Fils, qu’il est ressuscité, et qu’il a accompli par sa mort l’expiation des péchés du monde. Donc aussi l’expiation de tous mes péchés, aussi graves ou hypocrites qu’ils aient été. La vraie foi croit ce que Jésus révèle à Nicodème, Jn 3,14-16: ‘Tout comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut aussi que le Fils de l’homme soit élevé afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. En effet, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils...’ Cela, les apôtres le prêcheront, lorsque Jésus aura été élevé sur la croix pour accomplir, par son sacrifice divin, le salut du monde!

V.40-43.47... Ici, il faut une précision. Cette phrase: ‘Mais celui à qui l’on pardonne peu aime peu’ ne signifie pas qu’il y a des gens presque saints à qui Jésus n’a à pardonner que des broutilles. Elle signifie que celui qui ne se reconnaît pas par nature tout à fait ennemi de Dieu est incapable d’aimer Jésus de tout son coeur et de toutes ses forces. Si tu ne reconnais pas que le plus petit de tes péchés te mérite la colère et le châti­ment éternel de Dieu, tu es incapable d’aimer Jésus plus que toi-même et plus que tout. En fait, tu es alors incapable de recevoir vraiment de la bouche de Jésus son pardon, tu es alors incapable de recevoir avec joie sous le pain et la coupe bénis, le corps et le sang que le Fils de Dieu a sacrifiés et t’offre pour ta bénédiction.

Pourquoi? Parce que tu ne reconnais pas que tu es tout à fait incapable de te sauver par toi-même ou de t’améliorer par toi-même, par tes propres forces et ta propre volonté. Le vrai croyant confesse au contraire avec Ép 2,5: ‘Nous étions morts en raison de nos fautes.’ Donc, nous n’avions pas la capacité de venir à Jésus et de le recevoir pour notre sauveur (Cf. Explication du 3°article de la foi, de M. Luther: ‘Je crois que je ne peux pas, par ma raison et mes propres forces, croire en Jésus-Christ mon Seigneur et aller à lui.’

Simon et Nicodème étaient loin de la vraie foi, le premier quand il invita Jésus dans sa maison, le second quand il frappa, de nuit, à sa porte. Ainsi, nombreux sont ceux qui viennent à l’Église en croyant qu’ils sont « de très bons pécheurs » et que les quelques petites fautes qu’ils veulent bien reconnaître ne sont pas de nature à les séparer de Dieu. Alors, que ce soit dit franchement: Même si une telle personne nous invitait tous au restaurant aujourd’hui après ce culte, cette belle oeuvre ne nous dirait rien sur la foi de cette personne. Même cette grande oeuvre de ta part ne me dirait pas que tu aimes Jésus de tout ton coeur. Même cette belle oeuvre, les païens fortunés en sont aussi tous capables.

2° Voyons maintenant ce que nous révèle l’oeuvre de la femme pécheresse.

D’abord son ‘oeuvre’ est méprisée par tout le monde. Ses larmes qui coulent sur les pieds de Jésus, une oeuvre, ça? Elle devrait avoir honte de déranger ainsi le Seigneur et de lui mouiller les pieds! Ses cheveux et ses baisers, une oeuvre, ça? On aura tout vu! Les baisers d’une prostituée, oui! Et ce parfum acheté avec l’argent de ses clients !? Mais vois-tu: Ce qui pour nous est abject, repoussant et méprisable ne l’est pas forcément pour le Seigneur. Souviens-toi toujours de sa Parole en 1 Samuel 16,7: ‘L’Éternel n’a pas le même regard que l’homme: l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au coeur.’ L’attitude consentante de Jésus devant cette femme perturbe énormément Simon et ses amis pharisiens qui sont à table avec lui. Du coup, ils se mettent à douter de Jésus, s’il est vraiment le bon prophète qu’ils pensaient, v.39... Mais Jésus connaît nos coeurs. Il en connaît aussi le chemin. Il sait ce qu’il doit faire et dire pour nous secouer nous amener à réfléchir sur nous-mêmes et nous faire changer de pensée et donc de coeur et d’attitude. Comme s’il voulait soumettre une banale question de réflexion à son auditoire, Jésus propose à Simon une énigme qui est en fait une évidence qui va lui révéler son hypocrisie. Écoutez: v.41-42... Que répondons-nous à Jésus? Que nous ayons la foi ou non, nous répondons tous la même chose, car la réponse est aussi logique que 1+1=2. Il n’y a qu’une réponse à sa question: v.43...

Bravo! C’est la bonne réponse! La seule! Mais... si c’est la bonne réponse, pourquoi ne l’appliques-tu pas au domaine spirituel, Simon? Je vais te montrer qu’elle est aussi valable dans le domaine de la foi !

V.44-46... La démonstration de Jésus est magistrale. Les larmes de cette femme ne sont pas un simulacre, ses baisers et son parfum non plus. Jésus dit au contraire que pour lui c’est là " le plus " de cette journée, la cerise sur le gateau, les fleurs, la décoration, la chaleur et l’encens qui manquaient à l’accueil de Simon. Ensuite Jésus nous révèle ce qui se passe en réalité dans le coeur de cette femme: il nous révèle que son repentir est sincère, il nous révèle sa foi et le pardon qu’il lui accorde par conséquent.

v.48... Consternation et interrogation générale! Parole irrecevable pour les invités présents. Et pour toi?

v.49... La démonstration de Jésus révèle que notre jugement des autres peut être tout à fait faux et que nos plus belles oeuvres sont partielles et lacunaires. Sa démonstration interpelle tout son auditoire. De sorte que la question devient crainte et interrogation: Si cet homme pardonne même les péchés (comme ceux d’une banale pécheresse), qui est-il donc? Certes, le prophète Nathan a fait cela pour David, mais David était le grand roi pieux choisi par Dieu. Une seule fois il a gravement fauté. En plus il était rongé par le remords et la repentance. David n’était pas ‘un français moyen !’ Du coup, l’attitude et la Parole de Jésus touchent au but, et cette femme qui s’est donnée en spectacle devient une occasion d’évangélisa­tion pour le Seigneur. Maintenant ces hommes s’interrogent sur la personne même de Jésus, quel résultat!

Pour nous, retenons bien cette leçon: Ne jugeons personne à son oeuvre. Celle-ci peut paraître très grande comme cette invitation de Simon. Elle peut aussi paraître anodine ou même malsaine et méprisable comme le parfum de cette pécheresse. Invitons donc et accueillons toute personne qui vient à Jésus, repentante et croyante. Accordons-lui le pardon, l’assurance de la grâce et la certitude du salut. C’est cette paix de l’âme que Jésus certifie à cette femme, car Jésus a aussi offert son corps et son sang pour sa rédemption. Quant à nous tous, veillons toujours à bien examiner notre coeur, car ‘Dieu s’oppose aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles’ (Jacques 4,6.) V.50: ‘Mais Jésus dit à le femme: Ta foi t’a sauvée. Pars dans la paix!’

Quelle merveilleuse parole! Jésus la dit aussi à nous, si des larmes de vraie repentance tombent de nos yeux sur ses pieds, si nos cheveux de vrais croyants les caressent, s’il sent que nos baisers sont des baisers d’amour sincère et si nos offrandes sont un parfum de grand prix qui vient de notre coeur.

S’il en est ainsi de ton coeur, j’ai la joie de te dire, de la part de ton Sauveur: ‘Ta foi t’a sauvé(e). Pars dans la paix!’

Amen.

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Page mise à jour le 26/06/2010 13:10